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Samo
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28 mai 2007

On se retrouve entre couilles

Je me sens bien finalement. Une température idéale, un brin d'air tiède qui me caresse, le soleil qui se couche sur mon bras, une vodka Martini posée devant moi. Les corps des femmes se reflètent dans le bâtiment d'acier et de verre de la place du Marché Saint-Honoré. L'agitation de ce début de soirée est grisante. La vie est autour de moi, pas loin.

Une femme est assise sur un plot de stationnement. Elle porte une robe légère, noire, des talons hauts, rouges, et un visage de chieuse, sévère. Une modeuse. Le téléphone collé à l'oreille, elle agite le bras libre qui lui reste dans tous les sens. Elle brasse de l'air, beaucoup d'air. Probablement tente-t-elle de recréer de sa main virevoltante la tempête qui se déchaîne sur son combiné. Une vraie furie. Je n'entends pas ses propos, tout juste des intonations de femme blessée. Sa bouche pincée crache sa rage, peut-être sa déception. Les mots semblent se bousculer. J'imagine un homme, son portable au bout de son bras, une grimace de douleur sur le visage, les oreilles baissées, qui attend que ça passe... Et cet homme ce n'est pas moi. Je me sens bien finalement.

« Hé! Tu m'écoutes pas?
- Bah oui je t'écoute... C'est juste que je regarde les femmes passer... Ta gueule je la connais déjà. »
Bastien me fixe un instant, me fait un sourire entendu et continue de parler dans le vide. Manifestement, mon explication lui convient. Mes yeux restent rivés sur ma chieuse modeuse en talons rouges. Sa position me permet d'admirer ses jambes fines et galbées qui se tendent au rythme de ses colères. Elles sont fermes. Bronzées. J'aime. Les jambes des femmes me laissent songeur, prédateur... Je me sens bien finalement.

Je me sens bien, mais je ne suis pas heureux. Toujours pas. Jamais plus. C'est con de se tenir sur le palier de la maison du bonheur sans pouvoir bouger, sans être capable d'y pénétrer. Merde. Y a-t-il une femme pour m'aider à franchir cette foutue porte? C'est à ce moment là que Magalie nous rejoint. Non, ce n'est pas un signe. Non, non, oui. Bordel, d’espérance à la con! Elle s'assied à côté de Bastien et me fait face.

Magalie est plus ou moins une collègue de bureau de Bastien. Ils se croisent de temps en temps grâce à leur boulot. C'est la première fois que je la rencontre. Rounds d'observation. Elle a du charme cette petite brune. Elle a surtout de grands yeux bleus translucides qui me font mendier ses regards. Une discussion s'engage. Cette fois j'y participe. Ca parle de tout, de rien, de tout, de rien du tout.
A son habitude, Bastien tente d'être drôle et sort des blagues et jeux de mots dignes de... Bastien. Une véritable hécatombe... Rien ne fait mouche. Il le sait, mais ne peut s'en empêcher. Ca sort, ça fait plouf, ça s'excuse et ça recommence. Je suis admiratif de son acharnement. Heureusement qu'il a une belle gueule ce con. Et puis, sa nouvelle paire de Gucci lui va vraiment bien.

Les verres s'enchaînent, c'est moi qui donne le rythme. Bastien me suit par habitude, Magalie nous suit par politesse bien qu'ayant laissé passé une ou deux tournées. Je me laisse glisser, je me laisse charmer par cette femme pétillante. C’est agréable, le charme d’une femme. C’est doux, ça réchauffe.

L’alcool aidant, elle est de plus en plus souriante, de plus en plus joueuse et tactile. Elle est réceptive à mes tentatives de séduction, mes sous-entendus, mes regards enveloppants et gourmands. Elle semble joueuse. Mais j’ai l’impression qu’elle en pince pour Bastien, elle rigole à ses blagues moisies. C'est un signe, non? Tant pis pour moi, tant pis pour cette fois. On continu à boire, on mange, on flirtouille comme ça toute la soirée. Oui, moi aussi. Ce  n’est pas parce qu’elle n’est pas pour moi que je dois me flageller. J’ai quand même le droit de m’amuser un peu. Et puis j’adore flirter. Et puis ça me fait marrer, ça énerve Bastien. « Tu la dragues ? Elle t’intéresse ? », me demande-t-il en aparté. « Non, du tout. Mais c’est une femme, je lui dois un minimum ». Il ne répond rien. Ca l’emmerde.

C’est la fin du repas. On est déjà plus calme. On digère. Bastien et moi dégustons un digo, une petite poire. Nous regardons Magalie s’éloigner pour aller aux toilettes et tombons facilement d’accord sur le fait qu’elle a un beau cul mais que son jean n’est pas à sa taille, pas assez serré. La nuit est tombée depuis longtemps, contrairement à la température. La place est presque plus belle de nuit, avec cette maison de verre tout illuminée. C’est classe et reposant. J’ai de plus en plus des goûts de bourges. Une quinzaine de personnes sont regroupées à l’entrée du restaurant, à deux mètres de notre table, attendant qu’une place se libère. Certain attendent depuis au moins une demi-heure. Debout, ils discutent comme si de rien n’était. Nom de Dieu, ce sont des malades. Faut croire qu’ils n’imaginent pas manger ailleurs qu’au Fuxia. Bastien me montre les femmes qu’il trouve jolies tandis que je grille une cigarette. Toutes ces jolies femmes dans cette queue, tout ces corps avenants aux tables voisines, tout ces bras vides. Et dire, que je vais rentrer seul ce soir… J’aurais aimé dormir avec une femme. Juste dormir, pas besoin de baiser. Mais les hommes et les femmes ne savent pas s’organiser. Chacun garde bien jalousement sa solitude pour soi.

Ca fait bien 10 minutes que Magalie a quitté la table, il doit y avoir la queue aux toilettes. J’ai fini ma poire, ma cigarette aussi. J’ai envie de bouger. Je décide d’aller pisser et entre dans la salle. Je regarde les tables composées presque exclusivement de femmes – j’adore ce restaurant pour ça, une sacrée bonne adresse – puis descend l’escalier. Je suis surpris de ne trouver personne devant l’unique porte des WC. J’attends quelques instants, puis me décide à frapper. Je tente un « tout va bien? Magalie? C’est toi » ?. Un « oui » me parvient. Il y a toujours personne à l’horizon et je me souviens que les toilettes du restaurant sont vraiment grandes… Assez grandes pour qu’une femme et un homme puissent s’y mouvoir aisément, dans toutes les positions. C’est le moment idéal pour tenter ma chance. L’effet de surprise, l’alcool, Bastien un étage plus haut. Je me dis que "the right move is the first move". Go ahead Elvis! Mais en moins d’une seconde je perds mon élan, mon allant et mon accent. Je n’ai pas la force pour ça ce soir… Pas la force pour un énième arrêt d’autobus.

J’entends le verrou grincer. Magalie apparaît, livide, les traits tirés. Elle me dit qu’elle est malade. Pendant que nous étions en train de mater, Magalie était en train de dégobiller. Charmant. Je lui passe de l’eau sur le visage, la laisse reprendre ses esprits. Je tente de la rassurer du mieux que je peux. « On est tous passé par-là », « mais non, on t’en veut pas, tu rigoles ? Qui n’a jamais vomi te jette la première pierre », « c’est pas grave du tout ma belle, ça arrive »… Elle est si gênée que je me sens mal pour elle. C’est vrai que je suis surpris qu’elle ne sache pas gérer l’alcool à son âge, mais bon.
Finalement, elle accepte de remonter à la surface. Elle ne réagit pas ou peu, elle se concentre pour ne plus vomir. Je n’aimerais pas être à sa place ; en général, je me débrouille pour être malade chez moi. J’explique le Schmilblick à Bastien qui me fait remarquer qu’on a vraiment la Schkoumoun, ce sur quoi je ne peux lui donner tort. On règle la note, on met Magalie dans un taxi, ciao, bonne nuit.

Et voilà, on se retrouve entre couilles. Et notre motivation en pâtit, ciao, bonne nuit.

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Commentaires
S
Moaui<br /> Ca va être une journée à passer en pertes et profits<br /> Je vais essayer de bosser<br /> Ne pas y arriver (vraiment)<br /> Culpabiliser (un peu)<br /> Et la journée sera passée<br /> Bordel
J
moi aussi, motivation : nulle<br /> <br /> rayon de soleil là tout de suite<br /> <br /> bosser b o s s e r
C
En même temps… tout ça vous a évité de vous battre comme des pitbulls à savoir qui allait rentrer avec qui ;)<br /> <br /> (finalement c'était pas la Schkoumoun tant que ça)
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