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Samo
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2 avril 2007

La nature renaît aujourd'hui

Lundi, midi. J'ai prétexté une course à faire. Ils sont partis à droite, en direction du Comptoir de l'Arc. Je suis parti à gauche en direction d'endroits où ils ne seraient pas. Il m'aurait été impossible de supporter mes collègues de bureau, d'écouter leurs histoires pré-machées... Ecrasé par le sommeil, encore étourdi par l'alcool je me dirige péniblement vers la pharmacie. Mes pensées sont laborieuses. Je n'ai pas dormi de la nuit. Des flashs me font revivre le tourbillon de ma fuite.

J'ouvre la porte de la pharmacie, une sonnette retentit. C'est vide. Les gens ne sont pas malade quand il fait beau, ils ont autre chose à faire... Une jeune femme sort de l'arrière boutique et vient à ma rencontre. Nous nous rapprochons l'un de l'autre jusqu'à ce qu'un comptoir viennent nous barrer le chemin. Environ 30-35 ans, petite, rousse avec de grands yeux marrons. Très jolie. On est jamais tranquille...
"Bonjour Monsieur.
-- Bonjour. Mmm, euhhh... la pilule du bonheur s'il vous plaît.
-- La quoi? me réponds la pharmacienne sans esquisser le moindre sourire.
-- Des aspirines upsa et... de la citrate de bétaïne"
J'ajoute un tube de vitamines que j'ai pris sur un présentoir, paie et sors.

Je reprends ma route sans vraiment savoir où je vais. Je m'arrête dans un snack et repars avec une bouteille d'eau et un mars. Je continue à déambuler au soleil, regarde les vitrines, les vendeuses... Je jette un oeil curieux sur les tenues que l'on retrouvera bientôt dans nos rues... Les bermudas font la part belle aux longues jambes, la mode est courte cette année... Plaisir des yeux et des sens, frustration du cœur...
Les talons des femmes claquent sur le trottoir... tac, tac, tac, tac, tac... Elles sont légèrement vêtues aujourd'hui, les chaires se dévoilent enfin. Elles sont pressées aussi, elles me dépassent, certaines râlent de ma lenteur... Je les croise, sans les voir.
J'arrive avenue Matignon et trouve un banc sous un arbre. Cette petite promenade m'a fait du bien, mais je suis content de me poser. J'ouvre ma Vittel, bois une gorgée et y glisse par le goulot deux comprimés upsa et un de citrate. Ma bouteille en ébullition dans les mains, les badauds me regardent en coin. J'observe les femmes qui passent devant mon banc. Regarder les femmes, c'est ce que je fais de mieux. Je ne peux m'en empêcher... Je les regarde avec respect, avec désir parfois, avec tendresse toujours.

Lorsque mes yeux fatigués croisent une jolie femme -- et elles sont nombreuses dans ce quartier -- j'essaie de m'imaginer qui elle est, ce que peut être sa vie... Je me demande si elle est heureuse, si elle a un homme, un mari, un amant?... Est ce qu'elle l'aime? Vraiment?. Puis, je m'interroge sur ce que pourrait être ma vie si elle y entrait... Je l'imagine, je l'invente... Quelques instants me suffisent pour avoir une autre vie... une vie où je pourrais enfin être moi, être deux... Et les femmes passent devant moi, sans s'arrêter, emportant avec elles mes vies, mes espoirs de bonheur. Tac, tac, tac, tac, tac, fait mon bonheur sur le pavé tandis qu'il s'éloigne... Et je reste là avec ma gueule de bois.

Il fait beau aujourd'hui. Le soleil du printemps fait éclore les ombres, il redessine les contrastes de la vie.
J'entends les enfants courir vers leurs mamans, les oiseaux chanter dans l'indifférence générale, les dernières feuilles mortes crisser sur le ciment. Les gens semblent heureux, ils sont dehors, ils parlent fort. Oui, la vie est de retour. Oui, la nature renaît aujourd'hui. Mais sans moi...

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Commentaires
S
Bonsoir VN. Merci pour votre message.<br /> Perso, je dois avouer que j'aime bien cette mode des bermudas quand ils sont bien portés. Tout ce qui met en valeur les jambes des femmes a ma bénédiction ;=)
V
C'est sûr, je me promène avec vous et je vois ces choses que vous écrivez si bien. Par contre, les bermudas, je n'aime pas. J'en ai affublé une mariée dans une de mes histoires, et ça ne lui a pas du tout réussi ;-)<br /> Bon vent à Paris,<br /> de Bruxelles.
A
J'ai beaucoup aimé votre texte et votre plume.<br /> C'est simple mais touchant et étrangement très fort.<br /> Bravo et encore !
H
Lundi ... Lundi, j'ai vu des femmes dévêtues, au port de reine, fières et arrogantes, le regard dédaigneux face à ceux, impatients, admiratifs des hommes frustrés et petits. J'ai vu des bouts de chairs, entreaperçu la douceur d'une courbe de sein, les hanches dansant au rythme des leurs escarpins claquant le bitume. <br /> <br /> Noyée dans ce flot agressif de beauté, j'ai couru acheté des cosmétiques dans les boutiques à saint germain. <br /> <br /> Ce fut pire, elles étaient encore plus belles, plus arrogantes, plus ... agressives par leur perfection intouchable. <br /> <br /> Le printemps et l'été sont impitoyables pour celles qui souffrent de corps.
S
Andrew, bienvenu sur mon blog. J'espère que tu y seras bien.<br /> <br /> I'm glad I made your day! ;=)<br /> Cheers
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