J'ai envi d'aller voir mon frêre Océan

En sueur. C'est en sueur que je me suis réveillé ce midi, la couette rejetée au pied de mon lit, de grandes auréoles décorant mes draps. Je serrais mon oreiller entre mes bras, réflexe de solitude. Le soleil perçait au travers de mes volets roulants. Putain, une belle journée il ne manquait plus que ça. Je me suis étendu sur le dos et fixait une tâche de soleil sur mon plafond sombre. J'avais encore l'arrière goût amer de mon rêve.

J'ai l'habitude de me lever avec un boule de noeuds dans le ventre mais c'est toujours pire quand l'un de mes rêve reste collé à moi jusqu'à mon réveil. Heureusement pour ma santé mentale ça reste exceptionnel. Mon subconscient monte vaillamment la garde et bastonne ces salauds qui profitent de mon sommeil pour venir me faire chier, comme si la réalité ne me torturait pas assez. Mais à l'impossible nul n'est tenu, et cette nuit la charge était probablement trop forte. J'ai l'impression que mon subconscient perd ses moyens quand mon père vient me visiter dans mon sommeil. Et maintenant, je vais devoir me débrouiller avec ça pendant quelques jours.

Je m'étire, tends tous mes muscles, je sens mon corps. Des flash de mon rêve me reviennent. C'est douloureux mais je fais des efforts pour ne pas les laisser s'envoler trop vite. Bientôt il ne me restera plus qu'une sensation diffuse, un sentiment globalement désagréable. Mais je lutte pour garder le visage de mon père en mémoire le plus longtemps possible. C'est tout ce qu'il me reste.

Je n'ai rien à faire mais décide de me lever. Il faut bien faire quelque chose. J'ouvre les volets, le soleil m'agresse, et perds la vue pendant quelques secondes, le temps de me traîner vers la cuisine. Je lance le café tandis que je cherche une tasse pour la laver. J'aperçois la bouteille de vodka qui m'a accompagné hier soir et je suis surpris de ne pas avoir mal à la tête ce matin. Je ne comprendrais définitivement jamais mon corps, je me suis fait une raison.

Je tombe sur la chaise installée sur mon balcon. Je bois ma grande tasse de café noir en me faisant chauffer au soleil, car finalement c'est pas si mal... Quel dommage que la seule vue qui s'offre à moi soit une cours intérieure, bétonnée, sans âme avec un arbre qui semble bien seul. Je ferme les yeux, écoute les enfants qui jouent un peu plus loin... Que vais je bien pouvoir faire de ma peau aujourd'hui? Oui, je sais... J'ai envie d'aller voir mon frère Océan, l'écouter gronder... Lui aussi n'a pas abandonné, lui aussi garde ses secrets... A ses côtés, je me sens moins seul parce qu'il parle pour l'humanité... Allez papa, je t'emmène voir l'océan